Rapa Nui, une île perdue au milieu de l'océan Pacifique

Deuxième lieu le plus isolé au monde, Rapa Nui est à plus de 2000km de la prochaine île habitée, 4000km de Tahiti et 3700km du Chili. Autant dire que cette île est véritablement perdue au milieu de nul part.

 

Pourquoi nous y perdre alors? Tout simplement pour les célèbres et mystérieux Moais.

Bienvenue sur l'île de Pâque.

 

Ils auront fait couler beaucoup d'encre ces fameux Moais. Pourquoi étaient-ils érigés? Et pourquoi ont-ils été abandonnés aussi brutalement? Si vous pensez avoir les réponses à ces questions à la fin de l'article, passez votre chemin... Les ethnologues et autres chercheurs défendent plusieurs théories très contradictoires... Et en deux jours, j'ai pas eu le temps d'en développer une ou d'en contredire d'autres.

 

Les premiers colons étaient de véritables dingues pour se lancer dans les océans à la recherche d'une nouvelle terre. Et pour trouver celle-là, fallait soit être un grand navigateur, soit être très chanceux, ou les deux à la fois. 

Pour beaucoup, les premiers arrivèrent des îles marquises, il y a bien longtemps... "Longtemps", car les estimations s'échelonnent de 400 à 1200 ans après JC. Pour d'autres, ils furent rejoints plus tard par des guerriers venus d'Amérique du Sud.

 

Cette île est donc chargée de mystère,  son histoire tombée dans les tréfonds du néant. 

La seule certitude est que l'arrivée des colons européens fut le début de la fin. Les marchands d'esclaves et les exactions portèrent la population de l'île de 2500 à 181 âmes à la fin du XIX. Rois et érudits faisant partis du lot, la mémoire de l'île fut définitivement effacée.

Théories sur la déforestation de Rapa Nui

Lors de leur arrivée sur l'île, les européens découvrirent une île totalement déforestée.

Bien évidemment, les "chercheurs" sont incapables de se mettre d'accord sur les raisons d'un tel désastre écologique. Deux théories opposées tentent d'expliquer ce phénomène.

La première, celle de  du géographe Jared Diamond, estime que Rapa Nui est « l’exemple le plus frappant d’une société qui s’autodétruit par la surexploitation de ses propres ressources ». Selon lui, la surexploitation, la déforestation incontrôlée pour le bois de chauffe et l'agriculture ont mené l'île au chaos. Le déplacement des Moais auraient d'ailleurs accéléré le processus.

A l'inverse, Hunt et Lipo estiment que la déforestation serait le fait de rongeurs: des rats polynésiens. Arrivés en même temps que les migrants, et adorant grignoter les noix de palmiers, ces bestioles se multiplièrent et grignotèrent les noix jusqu'à destruction totale de la forêt. L'homme se voyant fort dépourvu se transforma en cultivateur raisonné, et « se comporta en pionniers de l’agriculture durable, et non en exécuteurs irréfléchis d’un écocide». Perso, je préfère cette version, ça laisse un peu d''espoir.

3 jours sur l'île de Pâque

Notre vol initial ayant été annulé pour un problème de carburant, nous arrivons enfin à destination. Il est 8h du mat, heure locale. Nous sommes crevés, le décalage horaire aidant. Mais, nous luttons pour ne pas nous écrouler dans notre tente et décidons de commencer à arpenter l'île à la recherche de ses trésors, plus trop cachés maintenant.

 

Pour couvrir les 160km2, nous allons louer une voiture la deuxième journée, et user nos chaussures les deux autres. Faut pas trainer, 3 jours ça passe très vite.

Une petite chasse aux oeufs?

Ranu Kao
Ranu Kao
Village d'Orongo
Village d'Orongo

Notre première excursion va nous mener à l'un des 3 volcans, le Ranu Kao.

Cachés derrière ce volcan éteint, les vestiges du village d'Orongo sont les derniers témoins d'une tradition perdue: l'homme oiseau.

Chaque année, des hirondelles de mer choisissent de venir pondre leurs oeufs sur 3 petits îlots. Afin d'honorer Make Make, le dieu le plus important de l'île, un homme de chaque clan se lançait dans une course à l'oeuf. Sautant de la falaise d'Orongo, il gagnait le motu Nui sur une pirogue faite de roseaux en zigzagant entre les requins. Attendant parfois plusieurs semaines l'arrivée des volatils, chacun choisissait son nid et attendait patiemment que madame Sterne veuille bien pondre son oeuf. Dès le premier oeuf pondu, le vainqueur rapportait l'objet tant convoité et devenait pour une année un demi-dieu, l'homme oiseau. 


A la recherche des Moais

L'île n'est pas très grande, mais la découvrir à pied nous prendrait définitivement trop de temps. 2 options, le vélo, ou la voiture. Vu les prix, on choisira la voiture...

Au volant de notre 4X4 nous partons donc à la recherche de ces fameuses têtes, les Moais.

 

Pourquoi on-elles été érigées? On ne sait pas vraiment. Par contre, elles proviennent toutes de la même carrière, le cratère Rano Raraku. Elles ont donc été sculptées et trainées d'ici jusqu'à leur emplacement final. Placées dos à la mer, surveillent-elles les terres ou ceux et elles qui les cultivent? 

 

Les photos sont un peu mensongères. La majorité des Moais sont renversés, face contre terre. Une nouvelle fois, le mystère de ces statues renversées fait phosphorer beaucoup de monde.

 

La deuxième journée sera un peu plus sportive. Partis de bon matin, nous allons parcourir près de 18km. Premier objectif, gravir le sommet. De là haut, on se rend compte de la petitesse de l'île, on voit la mer tout autour de nous. Faut vraiment être d'ici pour pouvoir y vivre... 

En toute logique, notre second objectif sera d'en descendre... direction la ville, la seule de l'île. En suivant la côte ouest, plusieurs grottes et tunnels de lave agrémenteront le retour.

Au final, perdue au milieu de l'océan, chargées de nombreux mystères, cette île marque les esprits. Encore une case souvenir bien remplie qui ne s'effacera, elle, jamais.